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L'écrivain
Alexandre Poulin
Capo II
C
J'ai grandi pas loin d'ici
Dans le 3ième arrondissement
G
Où les rêves se font endormis
Une fois debout on n'a plus l'temps
Am
Mon père gagnait sa vie
À l'usine de Camaro
F
Pareil comme son père avant lui
Même qu'y posait le même morceau
C
Ma mère faisait des ménages
Moi j'rêvais d'être écrivain
G
Et pis de pelleter des nuages
Pour que le soleil brille enfin
Am
Mais j'étais si mauvais à l'école
Que j'pensais pas qu'j'y arriverais
F
J'étais pas de ceux qu'on traitait de bol
Même quand j'donnais tout c'que j'avais
C
Mais y avait monsieur Desilet
Un prof'fin et disponible
G
Qui m'avait pris sous son aile
Et croyait en mon talent subtile
Am
Dommage ça n'allait rien changer
J'coulerais le test du ministère
F
Lundi j'enverrais mon C.V.
G7 Am G7
À l'usine de mon père
C
Mais la veille de l'examen final
Le bon monsieur Desilet
G
M'a tendu un crayon banal
Roulé dans un velours épais
Am
Et puis tout en fixant ma main
Y a dit : « "c'crayon la, il est magique
F
Prend le demain pour l'examen,
Il sait les réponses et les répliques »
C
J'suis pas du genre à croire tout c'qu'on m'dit
Mais mon prof inspirait confiance
G
Et j'voulais croire un peu aussi
Qu'j'avait peut être encore une chance
Am
D'ailleurs à la seconde où je l'ai prit
J'ai senti comme un changement
F
J'vous jure que j'vous conte pas d'mentries
Non, le crayon était vivant !
G7
Et contre toutes mes espérances
Am
Y'écrivait pratiquement tout seul
Am/F
Sans blague ç'avait presque pas de sens
G7
De le voir danser sur les feuilles
Em
J'ai donc passé mon examen
Am
Comme un p'tit test de routine
Am/F
Avec que'que chose comme 80
G7
Presqu'aussi haut que mon estime
C
Oh j'aurais du rendre le crayon
J'étais quand même pas un voleur
G
Mais pour une fois qu'j'me trouvais bon
Pis qu'l'avenir était en couleur
Am
J'ai mis le stylo dans ma poche
Pis j'suis partit en courant
F
La conscience aussi lourde qu'une roche
Qu'on brise pour en faire du ciment
C
Et au fil des années
J'suis devenu l'auteur que j'espérais
G
J'ai même vendu dans l'monde entier
Tout mes bouquins et mes essais
Am
Et avec le sentiment étrange
Qu'au fond j'avais rien accompli
F
Le crayon vainquait les pages blanches
Moi je n'étais que son outil
G7
J'me suis mis à boire plus qu'il ne faut
Am
Pour oublier qu'je n'étais rien
Am/F
Qu'je roulais dans une Camaro
G7
Sur laquelle mon père s'usait les mains
Em
En plus j'avais toujours peur
Am
Qu'on me vole mon précieux crayon
Am/F
Ou qu'me dénonce mon professeur
G7 Am G7
Là s'en s'rait vraiment fini pour de bon
C
Y m'a retrouvé hier soir
À une séance de dédicaces
G
Tout autour de ses yeux noirs
Le temps avait laissé sa trace
Am
Je lui devais mon succès
Et des excuses comme de raison
F
J'ai dit : « m'sieur Desilet
Vous venez chercher votre crayon ? »
C
Y m'a sourit tristement
En disant : « t'as toujours pas compris ?
G
Y'est dans ta tête ton grand talent
Le stylo v'nait de chez uniprix »
Am
« Laisse moi te regarder maintenant
Je suis si fier de toi.
F
Y a pas un seul de tes romans
Que j'ai pas lu au moins 3 fois »
C
Moi j'me suis levé d'un coup
J'en croyait juste pas mes oreilles
G
J'ai pris mon vieux prof par le cou
La vérité m'donnait des ailes
Am
Tellement qu'en arrivant chez moi
J'ai j'té le stylo par la f'nêtre
F
La lumière brillait sur les toits
Et les mots dansaient dans ma tête
G7
J'ai pas fermé l'oeil de la nuit
Am
Non, j'ai écrit sans m'arrêter
Am/F
Le nombre de feuilles que j'ai noircies
G7
J'pourrais même pas les compter
Em
Ça raconte l'histoire d'un ptit gars
Am
Qu'y avait tellement pas confiance en lui
Am7
Qui trouve plus facile de croire
G7
Qu'un crayon peux faire d'la magie
C
Car dans le 3ième arrondissement
Les rêves volent pas très haut
G
On les laisse trainer sur un banc
Devant l'usine de Camaro
Am
Et comme on entend la machinerie
Crier jusque dans la cour d'école
F
On comprend vite dès qu'on est ptit
G7 Am Am/F Am Am/F G7 C
Qu'y a juste les oiseaux qui s'envolent